Les tisseurs de silences
Les tisseurs de silences
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Essai et Manifeste
Soizic Michelot et Philippe Filliot
Ce livre est à la fois un dialogue entre Soizic Michelot et Philippe Filliot, donnant des clés de compréhension de cette nouvelle sensibilité spirituelle dans les arts, et un manifeste proposant quelques principes fondateurs d’une résistance contemplative. Le Manifeste permet de mieux cerner l’enjeu de ces œuvres, leur rôle pour nous aider à imaginer un monde nouveau, leur proposition pour trouver une place dans nos sociétés en mutation, en retrouvant l’espérance par une autre façon d’être humain parmi les vivants.
224 pages, broché, cousu
19 photographies d’œuvres
Format : 12 x 16,5 cm
Date de sortie : 9 avril 2024
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Extrait du Manifeste, signé par Soizic Michelot, Philippe Filliot et Stéphane Guiran :
Manifeste pour une résistance contemplative par l’art contemporain et les arts en général
Les murmures du monde portent dans leur intimité des tisseurs de silences, des artistes habités par des résonances sensibles avec la substance et le mystère de la vie. Dans la période de mutation que nous traversons, ils nous rappellent aux aurores et incarnent une résistance contemplative ancrée dans l’expérience et la quête de sens, à contre-courant des logiques matérialistes.
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Ces chercheurs d’art ressentent intuitivement les vibrations des chants du Vivant. Leurs gestes tentent de les sculpter en musique audible, de les peindre en voyages à partager, en sensations à éprouver.
Leurs œuvres sont à la fois chemin et matière. Chemin de ces gestes puisés dans le fragile et l’intériorité. Matière éveillée à la densité d’une présence pleine. Tout en elles est présence. Elles nous invitent à nous souvenir que nous sommes présences parmi les présences du monde. Quelles sont ces présences ? C’est ce qu’il nous appartient de découvrir. Nous l’expérimentons en nous asseyant dans leur respiration, en les accueillant comme des méditations libres, en les parcourant comme des cathédrales intérieures. Pour qu’elles nous soufflent qui nous sommes. Car c’est bien là l’enjeu de cette forme d’art : apprendre qui nous sommes, retrouver notre symbiose avec le monde.
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Cet art est une porte vers une nouvelle façon d’être humain parmi les non-humains, loin des excès de l’Anthropocène et du Capitalocène. Il accepte l’autre comme principe vivant, dessine le Symbiocène, permet l’expérience sensible de l’essence de la vie : ressentir, s’émouvoir, vibrer. Être, tout simplement.
Et avant qu’il ne soit trop tard, résister, rester éveillé. Se détacher de nos conditionnements matériels, préserver et nourrir ce qui fait notre humanité.
En ce sens, chacun des silences cueillis est une tentative de soulèvement ou d’insurrection de nos manières habituelles de voir et de vivre. Chaque expérience est une invitation à s’ouvrir et se déplier, à dissoudre nos limites et se reconnecter à nos multiples dimensions, à se laisser traverser par quelque chose de plus grand que soi.
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Sur les chemins du temps, ces œuvres sont flux, ruisseaux, rivières et fleuves qui nous permettent de retrouver la fluidité inhérente à toute vie. Leurs rencontres sont des traversées dont on ressort transformés, plus pauvres, plus simples ou plus essentiels. Entre avant et après elles, quelque chose s’est passé, s’est perdu ou peut-être retrouvé. Nous en ressortons allégés et élargis. Dépoussiérés et lavés. Avec le sentiment d’avoir non pas gagné quelque chose en plus mais d’avoir laissé en chemin quelque chose en trop.
Leur temporalité échappe à la course de notre temps. Elles attendent que se taisent nos heures bavardes, les injonctions de nos écrans et autres inattentions. Patientent jusqu’à ce que nos vases soient suffisamment vides pour qu’elles puissent les remplir. Habitent la lenteur pour aller plus vite à l’essentiel. C’est pourquoi elles ne s’ouvrent qu’à l’instant juste : celui où nous sommes disponibles, ici et maintenant. C’est alors qu’elles frôlent notre visage, glissent sous notre peau, ouvrent notre cœur, parlent au corps, éclairent les dimensions oubliées de notre être, celles qui nous guidaient naturellement aux premières heures de cette vie.
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Ces œuvres résultent d’un état élargi de l’être, à la fois affectif, sensoriel, corporel, spirituel et intime. Ce ne sont par conséquent jamais des œuvres à thèse, et c’est précisément leur force. Elles ne délivrent aucune leçon, aucune morale, aucun message fermé. Elles sont une expérience d’abandon plutôt que de compréhension intellectuelle.
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